Lors d'une résidence au Royaume-Uni durant l'été 2016, j’ai entamé plusieurs interventions in situ que j’ai poursuivies dans d’autres villes et d'autres pays.Je pars à la recherche d’espaces où écrire. Des mots qui sont en adéquation avec les lieux où je les pose ainsi qu’avec des émotions du moment.Une fois l'intervention laissée sur place, la photographie vient s'ajouter au processus de création.Interventions in situ, collage, craie, peinture aérosol /23 photographies, 30x40cm.
« Les Rêvés est un projet qui explore la nature intime et personnelle des rêves et vise à donner une forme tangible aux apparitions de différents êtres dans les rêves de l'artiste. » Aurélia Vanhart, 2024.Installation, 7 639 caractères en béton, dimensions variables.
L’installation reprend les codes des affichages en vitrine annonçant la fermeture définitive des magasins. La phrase On ne peut rien faire d'autre que tenir debout installée dans ce contexte fait écho aux commerçants qui perdent leur boutique mais également à l’actualité. Élodie Merland cherche comment réagir face à ce qui se passe autour d’elle, dans ce monde. Que peut-on faire d’autre à part tenir debout ? La boutique vidée de son activité soutenue par cette phrase insiste sur le désastre qui nous entoure et le devoir de se tenir debout, la nécessité de ne rien lâcher à la vie alors que le monde autour de nous s’effondre.Intervention in situ, lettres adhésives, dimensions variables.Art Au Centre #14 / Liège, Belgique (février-avril 2024).
Cette installation fait suite à deux lectures que j’ai faites, L’événement de Annie Ernaux et Folle de Nelly Arcan. Les autrices y décrivent leur avortement vécu à des temps différents. Le titre Les enfants de l'eau est la traduction du mot japonais « mizuko ». Ce terme désigne les êtres morts sans voir le jour. Vingt-sept pavés sont chacun transpercés d’une aiguille à tricoter de couleur bleue. La même couleur que celle utilisée par Annie Ernaux en 1963. Le nombre vingt-sept renvoie aux avortements effectués par Marie-Louise Giraud, unique faiseuse d'anges française ayant été guillotinée en 1943 pour ses actes.Installation, 27 pavés en granit, 27 aiguilles à tricoter en acrylique, dimensions variables.
CARESSE MA LANGUE AVEC LA TIENNE est écrite avec de la poudre de maca et disposée sur un plateau de béton. La phrase évoque évidemment un baiser langoureux mais elle est aussi l’image d’un échange de culture, une rencontre, une fusion. La maca est une plante aux nombreuses vertus dont celle d’augmenter le désir sexuel.Installation, acier, béton, bois, poudre de maca, 170x30x100cm.
Murmures vise à créer du lien entre les spectateurs, par le biais de petits gestes que j’actionne. Tout au long de la performance, le public reçoit des éléments destinés à une seule personne, à chaque fois différente. Pour obtenir l’ensemble des informations il est nécessaire de communiquer. Murmures brave la Covid-19 et les distanciations sociales, c’est une performance qui appelle au contact et aux échanges. Elle parle de notre rapport aux autres, de la nécessité ou non de vivre ensemble. Le mot « murmure » désigne le vol des étourneaux qui se déplacent en groupe afin de se protéger du danger.Performance, durée variable.
« Près de dix ans plus tard, Élodie Merland est retournée sur les lieux de ses descriptions (Les galeries d’une heure) : aucun ne conserve de cabine téléphonique. L’artiste a alors pris en photographie ces espaces dépourvus de leur édifice exigu. Ces images évoquent, non pas ce qui a été enfoui, mais ce qui a été effacé. De surcroît, elles ne font pas non plus référence aux évènements tragiques de l’Histoire, mais aux milliards de petites histoires non enregistrées, jugées futiles et inénarrables, qui se sont échangées par le biais de centaines de milliers de cabines téléphoniques, aujourd’hui obsolètes. » Arnaud Dejeammes, L'attente et l'attention (extrait), 2021.52 photographies, 40x60cm / édition, 20x29cm, 72 pages.
Sur un oreiller de béton, la phrase JE ME RETIENDRAI DE SAISIR CET OREILLER POUR T’ÉTOUFFER est gravée. Cet oreiller pourrait être celui d’un lit un peu défait, des draps qui auraient un vécu. La phrase parle d’amour et de mort, de violences conjugales. De cet instant bref où dans un excès de colère, de tristesse et de désemparement on pourrait en un geste tuer son amour. Ce moment où l’on s’interdit de commettre l’irréparable.Sculpture, béton, 56x49x15cm.
Love is waiting est une liste non-exhaustive de mes attentes en amour – présentes ou passées – écrite en anglais, une langue qui n’est pas la mienne. Chaque phrase est suivie d’un silence dont la durée varie. Il existe deux versions de cette performance. La première consiste à réciter le texte en faisant les cent pas en allées et venues sur quelques mètres. La seconde a été mise en place lors du premier confinement de 2020, elle est diffusée en direct sur les réseaux sociaux depuis mon domicile. Mon visage est filmé en plan rapproché afin qu’on puisse y lire mes expressions.Performance, durée variable / vidéo, 19'16" / édition, 13.4x20cm, 32 pages.
Cette vidéo a été réalisée le 30 octobre 2019, sur une plage de Folkestone au Royaume-Uni. C’était la veille du jour où le Royaume-Uni devait quitter l'Union européenne. La troisième date reportée jusque-là, mais la date de sortie a finalement été repoussée au 31 janvier 2020. Le sens de lecture de la phrase WAVES NEVER STOP CROSSING BORDERS est orienté vers la France. Cette phrase évoque le Brexit mais elle parle également de toutes ces frontières que des milliers d’humains sont quotidiennement interdits de franchir.Intervention in situ, peinture aérosol / vidéo, 13'25".
Dans le parc des Sœurs de la Providence (Namur-BE) se trouve un chemin qui ne mène à rien. Cet espace riche en ironie et en poésie m’attire particulièrement, par sa discrétion notamment. Dans mon travail je suis très attirée par les lieux qui ont tendance à nous laisser indifférents, par leur banalité. J’aime leur donner un éclairage différent. Ce chemin m’évoque la vie elle-même, notre parcours, non pas dans sa linéarité bien sûr mais par sa finalité. Un but, une destination. Nous avons sans cesse besoin de savoir où l’on va et ce qui nous attend au bout. Mais une promenade a-t-elle forcément besoin d’un objectif final ? N’est-ce pas toute l’aventure qu’il faut considérer et apprécier ?Sculpture, béton armé, 227x16x7.5cm.
J'ai repris la performance Love is waiting pour l'exposition Ménage à trois à Gand. Le texte a été augmenté de deux nouvelles phrases puis traduit en néerlandais. Je me suis ainsi heurtée à un véritable travail de mémoire et de prononciation puisque cette langue m'était jusque là relativement inconnue.Performance, durée variable / trace sonore, 16'07".
Exposition collective.Mira Albrecht invite Élodie Merland et Ed Sanders pour un « ménage à trois » belgo-franco-anglais. Une cohabitation artistique au sein de Poort 8 orientée vers la notion d'intérieur et d'intimité.Poort 8 / Gand, Belgique (mai-juin 2019).
Et si nous nous échappions un instant ? Laisser de côté les habitudes quotidiennes. Parler de tout et de rien ; d’amour, de sexe, de mort, d’oubli, du temps, de solitude, de rires. Parler de la vieillesse sans évoquer les rides. Suite à une résidence effectuée en 2018 à la fondation Schadet-Vercoustre – maison de retraite à Bourbourg – j’ai écrit un ensemble de mots qui découlent de discussions et d’observations. Du temps passé avec une vingtaine de résidents, principalement des femmes, à la mémoire défaillante. Nous avons (souvent) fait connaissance. Des amitiés sont nées. De la tendresse s’est installée. Et puis, j’allais pisser et ils m’oubliaient.Sculpture, acier corten, dimensions variables.
Été 2017, je parcours la ville de Roubaix. Ses rues, ses quartiers. Dans mon sac, mon appareil photo. À l’air libre, mes yeux grands ouverts. Attentifs. À l’écoute. Prêts à se laisser surprendre. Je capture une lumière, des couleurs, des compositions ; résultats d’une consommation de la vie quotidienne. Des transformations progressives. Des dégradations et des abandons. Et puis, des écritures et des mots. Des déchets deviennent nature morte. Des quartiers évoluent à leur rythme. Mes yeux se concentrent sur cette lumière posée sur la ville, qui met en avant ces quartiers, tels qu’ils sont. Vrais. Durs. Trashs. Sincères. Attachants.30 photographies, 20x30cm / édition, 14.8x21cm, 44 pages.
Exposition personnelle faisant suite à une résidence passée durant l'été 2016 à Folkestone.La Plate-Forme / Dunkerque, France (janvier 2017).
« Transférée de la page au mur, en blanc sur fond blanc, la phrase DANS CETTE RUE PRESQUE DÉSERTE, UN HOMME JOUE SILENCIEUSEMENT DE LA MUSIQUE pourrait fort bien passer inaperçue, au même titre qu’aurait pu passer inaperçu l’événement dont elle provient. Comme il en va souvent avec les œuvres d’Élodie Merland, il faut savoir s’y rendre disponible. » François Coadou, Le charme discret des détails (extrait), 2017.Peinture blanche sur mur blanc, dimensions variables.
Les vingt-deux lettres en béton armé pesant de six à quinze kilos sont déposées en tas, à terre. Je les déplace. J’écris. À force d’allées et venues mon essoufflement augmente.JE PLIERAI LES DRAPS SEULE est la phrase composée. Il m’arrive parfois de penser que l’unique raison de vivre en couple est d’ordre pratique. Un geste qui pour moi représente parfaitement cela est le pliage des draps. Les draps c’est aussi l’amour, forcément. Allier la sensualité du tissu à l’aspect brut du béton me paraissait une bonne manière de parler de l’amour et de ses douleurs.Performance, durée variable / trace sonore, 11'03" / sculpture, 22 lettres en béton armé, dimensions variables.
Le doigt pointé sur l’horizon, je laisse les nombreux touristes estivaux penser à ce que, sans un mot, je tente de leur montrer. Est-ce la mer ? Le ciel ? Les galets ? Les goélands ? Ou bien, tout simplement, plus loin. Plus loin, la France. La frontière. Ceux qui s’y trouvent et espèrent, attendent, tentent de traverser. Le geste que je fais durera jusqu’à ce que mon bras cède. Ainsi, je suis restée le doigt pointé durant deux heures et vingt-huit minutes.Performance/vidéo, 02:28'00".
Toutes deux reliées par nos téléphones portables, l’une prit le rôle de professeur, dictant à l’autre les paroles prononcées par les passants qu’elle croisait dans la rue. La seconde devint l’élève, la jeune fille qui s’affairait à retranscrire ces bribes de conversations. Lorsque les passants étaient absents ou muets, ceci donnait un autre rythme à l’exercice, laissant place à un ensemble de silences aux durées variables et cette dictée se transformait ainsi en une chorégraphie immobile.Le professeur guettait toute parole, l’élève, quant à elle, attendait attentivement qu’on lui dicte la suite.Performance, durée variable / vidéo, 1:55'00".Avec Gaëlle Le Floch.
Exposition personnelle sur une invitation d'IDEA-Z (International Domestic Exhibitions by Affinity).Atelier Olivier Lemesle / Rennes, France (juin 2012).
Exposition des diplômés de l'École Supérieure d’Art et de Design - Toulon Provence Méditerranée.Espace d’art Le Moulin / La Valette-du-Var, France (octobre 2010).
Le 15 mai 2010, lors de la nuit des musées, vers 21 heures au Lieu d'Art et Action Contemporaine de Dunkerque, un concert est donné par 52 personnes munies d'un téléphone portable et installées à 52 pupitres. Un moniteur, en guise de chef d'orchestre, diffuse l'image d'un chronomètre digital égrenant les secondes. Chaque musicien interprète un numéro de téléphone correspondant à une des cabines situées entre Dunkerque et Toulon, jouant ainsi une partition inaudible.Les gestes - appeler, attendre, écouter - évoquent une chorégraphie.Performance, 10'00" / vidéo, 13'50" / partitions.
De mai 2009 à mai 2010, chaque dimanche, pendant une heure, j’ai occupé 52 cabines téléphoniques. Dans chacune d’entre-elles, transformées pour l’occasion en galeries d’environ 1m², j’attendais les appels de personnes que j’avais au préalable invitées à me joindre. J’évoquais alors quatre vues faites de détails et d’incidents que j’avais sous les yeux. Chaque description durait environ une dizaine de minutes, le nombre d’appels par galerie pouvant aller de un à six, dans le meilleur des cas. L’ensemble de ces promenades immobiles sont aujourd’hui comme autant de cartes postales sonores et leur adresse, l’éclairage d’une réalité écoutée.Performance, 1 an / édition, 19.7x11cm, 198 pages.
Intervention in situ et vidéo réalisées à La Panne (Belgique) par le collectif NSS (Kévin Bogaert, Béchir Boussandel, Élodie Merland, Laurent Varlet et Wenxi Xiong).Intervention in situ, bombe de peinture aérosol et bâche de protection / vidéo, 03'11" / photographie, 30x40cm.
« Les journaux parlent de tout, sauf du journalier. Les journaux m’ennuient, ils ne m’apprennent rien. Ce qu’ils racontent ne me concerne pas, ne m’interroge pas et ne répond pas davantage aux questions que je pose ou que je voudrais poser. Ce qui se passe vraiment, ce que nous vivons, le reste, tout le reste, où est-il ? Ce qui se passe chaque jour et qui revient chaque jour, le banal, le quotidien, l'évident, le commun, l'ordinaire, l'infra-ordinaire, le bruit de fond, l'habituel, comment en rendre compte, comment l'interroger, comment le décrire ? » | Georges Perec, L'infra-ordinaire (extrait), 1989. « [...] les choses me sont arrivées pour que j'en rende compte. Et le véritable but de ma vie est peut-être seulement celui-ci : que mon corps, mes sensations et mes pensées deviennent de l'écriture, c'est-à-dire quelque chose d'intelligible et de général, mon existence complètement dissoute dans la tête et la vie des autres. » | Annie Ernaux, L'évènement (extrait), 2000. « Les happenings ont introduit dans l'art un élément que personne n'y avait mis : c'est l'ennui. Faire une chose pour que les gens s'ennuient en la regardant, je n'y avais jamais pensé ! Et c'est dommage parce que c'est une très belle idée. » | Marcel Duchamp, Entretiens avec Pierre Cabanne (extrait), 1967. « Je me pose toujours des questions sur les artistes qui réussissent tout ce qu'ils font, à mon avis, cela veut dire qu'ils ne prennent pas assez de risques. Quand on fait des expériences, l'échec est inévitable. Expérimenter, c'est par définition s'engager dans un territoire où l'on n'est jamais allé et où l'échec n'a rien d'impossible. Comment peut-on savoir que l'on va réussir ? Il est absolument essentiel d'avoir le courage d'affronter l'inconnu. » | Marina Abramović, Traverser les murs (extrait), 2016. « Est-ce bien le rôle d'un artiste encore en activité de s'étendre au sujet de ses motivations ? Voilà une source suspecte. Il vaut mieux certainement pour un futur menacé de laisser d'abord se tromper les critiques d'art. » | Marcel Broodthaers, 1975.